Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/196

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par les moindres interstices où s’évadait la vie, durant les convulsions de la terre en gésine, au cours des millénaires, tandis que succombaient les espèces moins capables de se renier et de plier, pour passer. Si l’on doit admirer l’art de rétablir l’existence normale dans l’anormalité des temps la plus monstrueuse, Paris alors était merveilleux.

Mais Annette n’était point disposée à lui rendre hommage. Elle en voyait le reflet sur le visage de son fils ; et ce miroir l’effarait. Marc ne montrait plus l’excitation trépidante, les saccades, les violences, et ce rire grimaçant, dont sa mère s’inquiétait, l’été de l’an passé. Il ne montrait plus rien. Il était indifférent. Sa figure blême, où la fièvre rentrée semblait s’être déposée au fond, dormait comme un étang. L’eau était trouble, mais sans plis. La surface, immobile. On ne voit rien, au delà. Et du dehors rien ne s’y mire. Il dort…

Il semble dormir. Et de cet ouragan qui tord autour de lui la forêt, de ces arbres qui croulent, de ces souffles de mort, de ces puanteurs, de ces clameurs — et de cette mère qui se penche, anxieuse, sur son bord, — il ne paraît rien voir, rien sentir, rien entendre. Mais qui peut savoir ? Sous le glacis huileux qui recouvre l’étang, une vie est en travail… Il n’est pas temps de la déceler