Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/238

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une affaire. Il ne s’agit plus de billevesées : droit, justice, liberté. Il s’agit de gagner. Chacun pour soi. Soi tout entier. Soi carnassier. Struggle for life. Life for struggle. L’odeur de la femme, l’odeur de la gloire, l’odeur du sang. Et le mépris de tout. Le songe du tigre réveillé.

— Vous êtes le diable ! dit Annette.

— Un pauvre diable, dit Germain, Je m’en vais de table, sans avoir mangé.

— Le regrettez-vous ?

— Non. Je suis d’une espèce qui a fait son temps. Je ne me plains pas. Il faut comprendre. Tout comprendre.

— C’est accablant ! Tout comprendre, c’est ne plus agir. Mon cœur réclame. Je suis femme. Que me reste-t-il ?

— L’indulgence.

— Ce n’est pas assez ! Je veux aider. Je veux sauver.

— Et qui ? S’ils ne veulent pas être sauvés ?

— Qu’ils veuillent ou non ! Mais moi, je veux. Je sais bien que je ne suis rien, je ne puis rien. Mais je veux tout. Il faut. Quand tous les dieux et tous les diables, et les pires diables qui sont les hommes, quand le monde entier dirait : « Non ! » je dirais : « Oui ! »

— Martine qui veut être battue !…

— Ne vous y fiez pas ! Je rends les coups.