Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/283

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des culs de bergères lutinées par des amours, qu’avait épanouis au plafond un vieux disciple de Boucher. La tâche n’eût pas été sans agrément, si la commandante n’eût compté parmi ses prérogatives envers un Boche sous le joug, de le traiter en domestique. Fier et timide, hypersensible, l’aristocratique jeune homme souffrait de ces affronts, qui eussent glissé sur le cuir de ses compagnons. C’est peut-être pourquoi la dame y prenait goût. Si vulgaire soit-elle, la femelle est toujours assez fine pour lire en sa victime, quand il s’agit de satisfaire à son instinct de cruauté.

Franz, la journée finie, sortait de là comme un écorché. Au lieu de prendre une bonne bouffée d’air et de pipe, en faisant : — « Ouf ! » — et de rejeter les ennuis, avec la fumée, dans la douceur du crépuscule, — (le ciel était, ce soir, tendre et chaud, comme la joue d’un abricot) — Franz marchait accablé, quand Annette l’aborda.

Il fit un mouvement brusque pour l’éviter. Il avait à l’égard des femmes une sauvagerie, qui s’alliait à l’attrait. Annette l’appela par son nom. Sans interrompre sa marche, il la regarda de côté, les yeux troubles et le sourcil froncé, inquiet et irrité, comme si l’on voulait attenter à sa pudicité. Annette sourit du jeune Joseph, qui défendait son manteau. Elle dit :

— Germain m’envoie…