Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/66

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Elle frappa ; après une attente, Lydia ouvrit. Dans l’ombre du couloir on ne voyait pas ses traits. Les deux femmes, sans un mot, s’embrassèrent. Lydia pleurait en silence. Annette, sur sa joue, sentait couler l’eau des paupières brûlantes. Lydia la prit par la main et la mena dans sa chambre. C’était six heures du soir, on n’était éclairé que par la lumière d’une autre chambre. M. Girerd devait être là ; mais on n’entendait pas remuer. Annette et Lydia s’assirent ; elles se tenaient les mains, et parlaient à voix basse : Lydia dit :

— Je pars ce soir.

— Où allez-vous ?

— Je vais le retrouver.

Annette n’osait questionner.

— Où ?

— Où dort mon bien-aimé.

— Comment ?

— Oui, le lieu du combat est aujourd’hui dégagé.

— Mais comment pourrez-vous, parmi tous ces milliers ?…

— C’est lui qui m’indiquera. Je sais que je le retrouverai.

Annette eût voulu crier :

— N’allez pas ! N’allez pas !… Il est vivant en vous. N’allez pas le chercher, dans l’odeur des charniers !