Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/72

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de nature — (la décomposition est naturelle, au même titre que l’intégration organique), — mais un fait pathologique, une peste de l’âme. Au lieu qu’on n’a point l’habitude d’étaler ses maladies, on exposait celle-ci, comme le Saint-Sacrement ; on la parait d’idéal et de Dieux, comme on pare de fleurs et d’or en papier la viande de boucher. Pas une de ces pensées, même des plus sincères, n’était pure de mensonge et de servilité envers le monstre, dont la lèpre les rongeait. Annette en reconnaissait chez elle-même les symptômes. Elle aussi brûlait de ces passions de meurtre et d’immolation, — de tout ce que n’avouent point le cœur et les sens, et qu’auréole l’esprit, qui ment. Ses nuits étaient livrées à la vie lourde et criminelle des rêves.

Mais Annette, peut-être, s’il ne s’était agi que d’elle, n’aurait point réagi contre l’empoisonnement. Cet état lui était commun avec tous. Elle y avait part, comme aux dangers. Pourquoi l’eût-elle repoussé ? Elle l’eût subi, avec hauteur, avec dégoût, en s’interdisant seulement de se farder. Elle l’eût subi, si elle n’en eût vu les effets terrifiants sur celui qui lui était précieux, plus que la lumière de ses yeux.

Marc était atteint. Beaucoup plus que les grands, car sa chair était plus tendre. Rien ne lui