Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/17

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sion. Pour qu’il parlât moins haut, Annette, penchée vers lui, le bourrait de gâteaux. Les yeux pleurant de rhume, le tête lourde, se mouchant, éternuant, elle tombait de sommeil. Il ne remarquait rien. Il n’en finissait point de manger et de parler. Et, malgré sa fatigue, Annette n’eût jamais souhaité qu’il finît. Des coups dans la cloison leur rappelèrent que d’autres existaient. Alors, Franz se tut. Et, brusquement, la fatigue le saisit : il se jeta sur son lit, terrassé, et dormit. Mais Annette, fiévreuse, se tournait, se retournait, écoutant le sommeil dans la chambre à côté. La porte était ouverte. Annette savourait le souffle régulier du jeune compagnon, la joie de l’avoir sauvé. Elle avait la gorge en feu, la poitrine oppressée ; et elle cachait sa bouche sous ses draps, pour qu’il ne l’entendît pas tousser.

De bonne heure, le matin, elle se leva pour nettoyer les vêtements, et elle sortit téléphoner à la mère de Germain :

— « Nous arrivons… »

Quand elle rentra, Franz dormait encore. Elle hésita à le réveiller. Elle le regardait. Elle se regarda aussi, dans la glace : elle vit son visage