Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/22

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Après ce premier choc, les volontés se reprirent. Sur de nouvelles données, l’esprit se remit à construire. Et le cœur hâtivement pansa son illusion blessée, puisqu’il la lui fallait pour vivre et pour mourir.

Des deux, le plus instinctif et, par conséquent, le plus rusé à se tromper, Franz parvint le plus vite à oublier ce qu’il ne voulait pas se rappeler. Dès le soir, dans sa chambre (on l’avait logé dans un chalet voisin), il écrivit à l’ami une de ces lettres débordantes, où il se donnait le change et voulait le lui donner sur l’émotion qu’à la première rencontre il avait manifestée. Et quand il le revit, il réussit, tant bien que mal, à ce que Germain ressemblât au dessin qu’il s’en était tracé. L’intimité revint, avec l’abandon ; et même l’insouciance de la jeunesse, chez Franz, reprit le dessus. — Mais si lui, oubliait, Germain n’oublia point.