Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/30

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— « Pour qui ? »

— « Pour celui qui vient », dit Annette.

Assia se retourna vers elle :

— « Qui vous l’a dit ? Marc m’avait juré de ne rien dire. »

Annette lui caressa la joue, de sa main qui pendait :

— « Nul ne me l’a dit. Mais j’ai pensé qu’il était en route. Et je m’apprête. Il doit avoir les jambes longues, le petit lévrier. Les grands, les deux, vous avez assez couru ! »

Assia riait, se frottant le museau contre la main qui le caressait.

— « Il court ! Je sens dans mon ventre ses petites pattes… Il court, il va courir… Ah ! mon Dieu ! Et moi, est-ce que je vais être enchaînée ? Je ne veux point, je ne suis point faite pour la niche. »

— « Qu’est-ce que tu crains ? » dit Annette. « Puisque toi-même tu ne tiens pas ton âme, qui donc pourrait la mettre à la chaîne ? »