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sultat : « zéro ». L’écran reste blanc (avec quelques vibrions flottants.) Il n’y a rien. — Gêne amusée de l’assistance. Le protocole s’évertue à idéaliser ce néant impeccable : netteté, intégrité, clarté. (Le zéro devient la circonférence du cercle, symbole de la perfection.) Le Président ne comprend toujours pas, et continue de sourire, enchanté.

Tandis que le Maître des Machines est occupé, aussi bien du Président que de la Belle Hortense, la petite Aviette, qui s’est déjà fait remarquer par ses allures gamines, sans souci de la solennité de la cérémonie, est prise d’un accès de malice : elle vient, à pas de loup, et applique l’appareil à lire la pensée sur la nuque du Maître des Machines. Aussitôt, on voit, projetés sur l’écran, les sentiments de Marteau Pilon, à l’égard de l’assemblée. Ils sont terriblement audacieux, méprisants, peu flatteurs pour les uns et les autres. Mais certains de ces sentiments sont, aussi, ridicules pour lui-même : ainsi, sa vanité et sa passion pour l’actrice. — Aux rires de l’assistance, l’inventeur s’aperçoit de la farce ; et il y met un terme. Mais l’indiscrète expérience lui a fait bien des ennemis ; et sa mauvaise humeur en est accrue.

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