I
Ara Pacis
De profundis clamans, de l’abîme des haines, — j’élèverai vers toi, Paix divine, mon chant.
Les clameurs des armées ne l’étoufferont point. — En vain, je vois monter la mer ensanglantée, — qui porte le beau corps d’Europe mutilée, — et j’entends le vent fou qui soulève les âmes :
Quand je resterais seul, je te serai fidèle. — Je ne prendrai point place à la communion sacrilège du sang. — Je ne mangerai point ma part du Fils de l’Homme.
Je suis frère de tous, et je vous aime tous, — hommes, vivants d’une heure, qui vous volez cette heure.
Que de mon cœur surgisse sur la colline sainte, — au-dessus des lauriers de la gloire et des chênes, — l’olivier au soleil, où chantent les cigales !
Paix auguste qui tiens, — sous ton sceptre souverain, — les agitations du monde, — et des flots qui se heurtent, — fais le rythme des mers ;
Cathédrale qui reposes — sur le juste équilibre des forces ennemies ; — Rosace éblouissante, — où le sang