Page:Rolland - Les Précurseurs.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
LES PRÉCURSEURS

rich, d’une Association internationale des étudiants (Internationaler Studentenbund), par la jeunesse universitaire, — « Douloureusement atteinte par la grande épreuve de la guerre, cette jeunesse a pris conscience des responsabilités sociales toutes particulières que lui confère le privilège des études, et désire remédier aux causes profondes du mal » — (je cite les nobles termes de son programme). — Elle cherche à unir « tous ceux de tous pays qui tiennent de près à la vie universitaire, en une commune croyance aux bienfaits du libre développement de l’esprit ; elles les groupe pour lutter contre l’emprise croissante de la mécanisation et des procédés militaires dans toutes les manifestations de la vie ». Elle veut réaliser « l’idéal d’Universités qui restent des centres de culture supérieure, au service de la seule vérité, de purs foyers de recherches scientifiques, absolument indépendants d’opinion à l’égard de l’État, ignorant les buts particuliers et les intérêts de classe ».

Cette revendication de la liberté de recherche scientifique et de l’indépendance de la pensée, cette organisation de la jeunesse intellectuelle pour défendre ce droit essentiel et, jusqu’à nos jours, constamment violé, me semblent d’une nécessité primordiale. Si vous voulez que la coopération entre maîtres des différents pays ne reste pas purement spéculative, il ne suffit pas que les maîtres associent leurs efforts, il faut que leurs pensées puissent librement se répandre et fructifier dans la jeunesse intellectuelle de toutes les nations. Plus de barrières élevées par les États entre les deux classes, entre les deux âges de ceux qui cherchent la vérité : maîtres et étudiants !

Je rêve encore davantage. Je voudrais que les semences de la culture universelle fussent répandues, dès la première éducation, parmi l’enfance des gym-