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LES PRÉCURSEURS

tion de ces types éternels, dont notre époque voit pulluler, comme sur un bois pourri les champignons vénéneux, des espèces inédites. Mais des vieux troncs qu’ils rongent, on voit pousser les surgeons verts ; et l’on sent que le cœur de la forêt de France reste sain : le poison n’y mord pas[1].

Confiance, amis, vous tous qui chérissez la France, dites-vous que le plus sûr moyen de l’honorer, c’est de garder son bon sens, sa bonhomie et son ironie ! Que la voix de ce livre, affectueuse et vaillante, vous soit un exemple et un guide ! Jugez avec vos yeux, laissez parler votre cœur. Ne vous payez pas de grands mots. Défaites-vous, peuples d’Europe, de cette mentalité de troupeaux, qui s’en remettent, pour juger de l’herbe qu’ils doivent brouter, aux bergers et à leurs chiens. Confiance ! Toutes les fureurs de l’univers n’empêcheront pas d’entendre le cri de foi et d’espérance d’une seule conscience libre, le chant de l’alouette gauloise qui monte vers le ciel !


21 mars 1916.

  1. Voyez page 26 du volume de Mme Marcelle Capy, quel écho émouvant ces pages de robuste pitié ont éveillé dans le cœur généreux de nos soldats.