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LES PRÉCURSEURS

et nos jeunes camarades suisses des liens de sympathie.

La Société de Zofingue est la principale et la plus ancienne société d’étudiants suisses. Fondée en 1818, elle va fêter son centenaire. Elle comprend neuf sections « académiques », Genève, Lausanne, Neuchâtel, Berne, Bâle, Zurich ; et trois sections « gymnasiales », Saint-Gall, Lucerne et Bellinzona[1]. Le nombre des membres, qui est en progression, de 575 en juillet 1916 est monté à 700. Elle a une revue mensuelle (Central-Blatt des Zofinger-Vereins), rédigée en français, en allemand et en italien, qui en est à sa 57e année, et publie les conférences, les comptes rendus des discussions et les faits qui intéressent l’association.

Ce qui la distingue essentiellement des autres sociétés d’étudiants suisses, c’est qu’ « elle se place, d’après l’article premier de ses statuts, au-dessus et en dehors de tout parti politique, mais en se basant sur les principes démocratiques… Elle s’abstient de toute politique de parti ». Ainsi que l’écrit son président actuel, elle offre à la jeunesse la possibilité constante de recréer à nouveau sa conception du « véritable esprit national suisse… Chaque nouvelle génération y peut librement imaginer de nouveaux idéals et préparer de nouvelles formes de vie. Aussi, l’histoire du Zofinger-Verein est-elle plus que celle d’une association suisse :

  1. La section de Bellinzona, ou du Tessin, n’a été fondée qu’en novembre 1916. Pour son inauguration, le président, Julius Schmidhauser, a prononcé un discours d’un beau souffle européen. Il oppose à l’union des trois races suisses le spectacle encore préhistorique de notre Europe, où « le Français ne voit dans l’Allemand qu’un ennemi, et l’Allemand ne voit qu’un ennemi dans le Français, et l’un ne peut estimer l’autre comme créature humaine. Mais nous, c’est notre manière suisse, de voir dans tous les hommes l’homme ».

    (Central-Blatt d. Z.-V., déc. 1916.)