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et couper tous les ponts avec l’Occident[1]. À la vérité, ce n’est point la vraie pensée de Gandhi. Il écrit en propres termes à Tagore : « Le Swadeshi est un message au monde. » (Donc il tient compte du monde, et il ne répudie pas le « prosélytisme » ). « La Non-coopération n’est pas dirigée contre l’Occident. Elle est contre la civilisation matérielle et contre l’exploitation des faibles qui en résulte. » (Donc, elle ne combat que les erreurs de l’Occident et travaille pour le bien même de l’Occident). « C’est une retraite en nous-mêmes », (mais une retraite provisoire, pour rassembler nos forces, avant de les mettre au service de l’humanité). « L’Inde doit apprendre à vivre, avant d’apprendre à mourir pour l’humanité… » Et
- ↑ Tagore devait être d’autant plus sensible à des écrits comme celui-ci qu’entre l’Ashram de Gandhi (d’où est issu cet Évangile) et Santiniketan de Tagore, s’était instituée une rivalité, que les deux chefs s’efforçaient d’éviter. On le voit par un article du 9 février 1922, dans Young India : Gandhi s’y plaint de paroles qu’un journaliste lui a attribuées au sujet de l’Ashram, et qui ont un caractère désobligeant pour Santiniketan. Il proteste de son respect pour la maison de Tagore, — non sans quelque humour voilé : « S’il me fallait décider de la supériorité de l’un ou de l’autre, dit-il, en dépit de la discipline et du lever matinal à l’Ashram, je vote pour Santiniketan. Il est le frère aîné, beaucoup plus vieux d’âge, et aussi de sagesse ». Mais, ajoute-t-il malicieusement, « que les habitants de Santiniketan prennent garde à la course du petit Ashram ! »