Page:Rolland - Mahatma Gandhi.djvu/161

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dabad, Viramgam et Kheda ont erré. Amritsar et Kasur ont erré. Je suis revenu sur mes pas, j’ai appelé mon erreur une faute de calcul himalayenne, je me suis humilié devant Dieu et devant les hommes, j’ai arrêté non seulement la désobéissance civile en masse, mais la mienne… La deuxième fois, ce fut par les événements de Bombay. Dieu m’en fit le témoin oculaire… J’arrêtai la Désobéissance en masse, qui devait être commencée à Bardoli. L’humiliation fut plus grande, mais elle m’a fait du bien. Je suis sûr que la nation a gagné par ce retard : ainsi, l’Inde est restée la représentante de la Vérité et de la Non-violence. Mais la plus amère humiliation est celle d’aujourd’hui… Dieu a parlé clairement par Chauri-Chaura… À l’heure où l’Inde prétend monter sur le trône de la liberté par la Non-violence, la violence de la populace est d’un triste augure… Il faut un contrôle des Non-coopérateurs sur la violence du pays. Ce ne sera possible que lorsque les hooligans (les hommes sans aveu) de l’Inde seront maîtrisés… »

Il a donc réuni, le 13 février, à Bardoli, le Comité d’action du Congrès, et il lui a exposé son trouble. Plusieurs de ses collègues n’ont pas été d’accord avec lui. Mais il a été « béni » du ciel, dit-il, pour avoir trouvé chez eux tant d’indulgence et de considération. Ils ont compris ses scrupules et consenti, sur ses instances, à suspendre la Désobéissance civile, en invitant toutes les organisations à créer une atmosphère de Non-violence.