Page:Rolland - Mahatma Gandhi.djvu/172

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la puissance britannique. Un insolent télégramme de lord Birkenhead et de M. Montagu venait de souffleter l’Inde[1]. Gandhi avait, dans un sursaut d’indignation, relevé l’injurieux défi :

« Point de compromis avec l’Empire, tant que le lion britannique secouera à notre face ses griffes sanglantes !… L’empire britannique, bâti sur l’exploitation organisée des races physiquement plus faibles de la terre et sur un étalage conventionnel de force brutale, ne peut durer, s’il y a un Dieu juste, gouvernant l’univers. Il est grand temps que le peuple britannique se rende compte que le combat, commencé en 1920, est un combat jusqu’au bout, qu’il dure un mois, un an, des mois ou des années… Je prie Dieu qu’il donne à l’Inde une humilité et une force suffisantes pour rester non-violente jusqu’à la fin. Mais se soumettre à ces insolents défis est impossible… »

C’était sur cet article et sur deux autres plus récents[2] que se fondait l’accusation.

  1. « Si l’existence de notre Empire était mise en jeu, si l’on empêchait le gouvernement britannique de remplir ses responsabilités envers l’Inde, si l’on s’imaginait que nous songions à nous retirer de l’Inde, l’Inde défierait sans succès le peuple le plus résolu du monde, qui répondrait avec toute la vigueur nécessaire. »
  2. Du 19 septembre et du 15 décembre 1921. Le premier, à propos de l’accusation portée contre les frères Ali ; le second, en réponse à un irritant discours de lord Reading. On y trouve la même déclaration de « guerre jusqu’au bout ». — « Nous voulons renverser le gouvernement, l’obliger à se soumettre à la volonté du peuple. Nous ne demandons pas quartier, nous ne l’attendons pas… »