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jean-jacques rousseau

les eaux, les bois, la solitude, la paix surtout et le repos »… Il se charmait aussi de sa musique, des mélodies qu’il se chantait. On les a plus tard réunies, sous le titre : « Les Consolations des Misères de ma Vie ».

Il eut la chance, pour le dernier mois de son existence, d’être enlevé à son pauvre logement de Paris et transporté dans la plus harmonieuse des campagnes, Ermenonville, à neuf lieues de la capitale, par la délicate générosité d’un riche gentilhomme, M. de Girardin. Il s’y était installé, le 20 mai 1778, et il y jouissait avec délices de ce petit paradis retrouvé. Sa santé même paraissait améliorée. A la fin de juin, un visiteur anglais, H. de Magellan, l’entendait accompagner au piano la canzonetta du Saule, dans Otello, qui fut la dernière de ses compositions. Le jeudi matin 2 juillet 1778, il fut foudroyé. Les médecins ont diagnostiqué un œdème cérébral, — « ictus apoplectique consécutif à grande urémie »[1].

  1. L’étude de la dr. S. Elosu : « La maladie de J.-J. Rousseau » (1929, Fischbacher) est le meilleur tableau d’ensemble des maladies de Rousseau, au cours de toute sa vie. Elle est le résumé le plus complet et le plus judicieux de tout ce qui a été écrit, sur ce sujet.

    Les ennemis de Rousseau ont fait courir le bruit du suicide. Ce bruit doit absolument être rejeté. Tous les témoignages et l’autopsie sont formels. Rousseau était, d’ailleurs, profondément opposé au suicide.