Page:Rolland - Par la révolution, la paix.djvu/113

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sions où j’arriverai doivent heurter les croyances traditionnelles ou les convictions raisonnées de nombre d’entre vous : je dis les miennes ; chacun de nous peut se tromper. Nous nous devons la vérité.

Nous serons d’accord, je pense, (du moins la plus grande part d’entre nous), sur ce point de départ, que nul Désarmement des peuples et des armées n’est possible, sans au moins deux principales conditions préalables : 1o la révision des traités de 1919 ; 2o le désarmement imposé aux profiteurs des armements. Et je motiverai sommairement ces deux conditions.

1o Les traités d’injustice et de violence, imposés à Versailles et à Trianon, maintiennent encore aujourd’hui les deux tiers de l’Europe matériellement déchirés et moralement ulcérés, sous la contrainte du vainqueur. Tant que le vainqueur — (et c’est nous) — se refuse à les réviser, il s’oblige par cela même à maintenir sa cuirasse monstrueuse qui l’écrase en le protégeant, et à accroître sans cesse ses armements qui seuls forcent la soumission du monde. J’ai dit, j’ai redit, j’ai répété encore en janvier dernier, qu’il y avait urgence à ce que la France prît l’initiative de cette révision, si elle voulait s’en assurer quelque bénéfice : car de toute façon, cette révision sera, se fera, ou avec elle, ou contre elle. Et depuis, les événements nous ont donné cruellement raison. Nous avons eu l’humiliation — le soufflet asséné à la face de la France par l’Italie fasciste, qui, beaucoup moins par raison politique que par sournois machiavélisme, nous a volé cette initiative et s’en est fait attribuer l’honneur par les peuples vaincus d’Europe, dont elle cherche à grouper la clientèle contre nous. Lourde défaite, qui sera suivie de beaucoup d’autres, et qui, si la France, réveillée, ne forçait la main à ses incapables gouvernants, mènerait la