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France à l’isolement et à l’encerclement fatal, pareil à celui de l’Allemagne avant 1914. Nous y marchons.

2o La seconde condition préalable est beaucoup plus grave encore. De criminelles puissances industrielles vivent et s’engraissent, sur notre sol, comme sur celui de l’Allemagne et d’autres États, — sont grasses des armements et des morts. Des profiteurs de toutes les guerres, en ce moment même, ici, en France, vendent indifféremment la mort à la Chine et au Japon, la vendront demain à l’U.R.S.S. et contre l’U.R.S.S., comme ils l’ont vendue pendant la guerre de 1914 et à nos armées et à nos ennemis. Il n’est plus un de nous qui ne le sache, — et demain, il faut qu’il n’y ait plus un homme, plus un enfant de France et d’Allemagne qui ne le sache : le pire ennemi de la paix n’est pas aujourd’hui le nationalisme halluciné de quelques millions de dégénérés et d’attardés, comme les Hitlériens d’Allemagne (chaque pays a les siens), — mais l’internationalisme capitaliste de quelques groupements bancaires et industriels, qui organisent et exploitent la guerre, n’importe quelle guerre, ici ou là, comme une affaire à gros rendements. Car les hallucinés du nationalisme militaire ne sont plus que des masses aveugles qu’on mène, à coups de journaux et d’opinion fabriquée ; — mais les vendeurs et profiteurs de la mort sont ceux qui fabriquent aujourd’hui l’opinion, qui ont acheté les journaux, et qui tiennent en bride les gouvernements.

Ces deux conditions préalables étant posées : révision des erreurs et des injustices des traités ; désarmement imposé aux puissances financières qui administrent les armements, — sachons en mesurer les difficultés, l’énormité de l’adversaire, et froidement évaluer les forces que nous avons à lui opposer.