Page:Rolland - Par la révolution, la paix.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Notre littérature même en est imprégnée. Non seulement la connaissance des œuvres étrangères est réduite à néant, mais celle des œuvres françaises est tendancieusement limitée à un ou deux siècles d’ordre royal et d’unité classique, qui ne représentent qu’un des moments, non le plus riche, ni le plus foncièrement gaulois, de notre développement dix fois séculaire.

En tout et partout, le rôle des éducateurs modernes est de détruire les préjugés qui séparent les hommes. Reprendre la vieille devise de Voltaire : « Écrasons l’infâme ! », en l’appliquant aux monstres nouveaux. Armons-nous, pour cette lutte, de toutes flèches des penseurs libres de France : les francs archers du Doute et de l’Ironie libérateurs : Montaigne, Rabelais et les Encyclopédistes. En même temps, donnons à l’enfant la connaissance et l’amour de sa vraie patrie, que n’enferment point d’étroites frontières, mais qui embrasse l’humanité.

Faisons-lui connaître ses frères étrangers et relions-les ensemble par tout un réseau de petites publications, bulletins et correspondance internationaux, réguliers, traductions et lectures, échanges de conférences et de voyages d’études.

Enfin, développons l’initiative individuelle, soulevons l’enthousiasme et l’espoir ! Préparons les générations qui viennent aux grands renouvellements, qui ne s’opéreront pas sans combat.

L’humanité peut tout. Le développement prodigieux des sciences depuis un siècle, qui s’est prodigieusement accéléré encore depuis vingt ans, par des découvertes inouïes, transformant les données mêmes de l’intelligence, cette