Page:Rolland - Par la révolution, la paix.djvu/96

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Il ne s’agit pas de nous leurrer, mes amis. Une foi nouvelle, comme celle que nous représentons — la fraternité humaine, l’Unité des vivants — n’arrive jamais à la victoire, avant de longues épreuves, des sacrifices, des martyres. Prenez bien garde de ne pas vous engager dans cette voie, si vous ne les envisagez pas d’un regard viril, avec une joie héroïque ! Ne dites pas : « Il n’y a qu’à proclamer notre vérité ; et les murs de l’ennemi s’écrouleront. » Dites que vous souffrirez. Mais ayez assez de foi en la grande cause de la Réconciliation et de l’Entr’aide humaine, pour être capables de souffrir pour elle et d’être heureux.

Le plus urgent et le plus nécessaire aujourd’hui est donc l’éveil de cette foi.

Et cette foi doit se prouver, dès à présent, — non par de simples négociations, des refus, — mais par des actes positifs de fraternité effective (à la façon des quakers au cœur large, mais avec un esprit plus large encore et plus libre) :

1o Aide apportée aux victimes actuelles de l’odieux état de choses, de « la guerre qui continue » — dans tous les pays — et de préférence dans les pays qu’on appelle ennemis, afin de mieux prouver la fraternité humaine, — particulièrement en cette heure, aux malheureux d’Allemagne qui meurent lentement de froid et de faim (souscriptions, enfants d’Allemagne reçus dans des familles françaises, etc.)[1].

  1. Comme corollaire à cette suggestion d’aide à l’Allemagne, alors en proie à la misère, on lira plus loin un « Appel pour l’Entr’aide franco-allemande ». On trouvera, dans le volume : Quinze ans de Combat, d’autres Appels pour secourir les enfants d’Allemagne, et quelques mots sur l’opposition à laquelle, en France, ils se heurtèrent.