Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ils avaient tout à fait oublié leur gêne, maintenant.

Elle se mit à esquisser le portrait. Comme il ne devait plus bouger, ni parler que du bout des lèvres, elle fit presque toute la conversation, à elle seule. Son instinct lui faisait peur du silence. Et, comme il arrive aux êtres sincères qui parlent un peu longtemps, elle en vint rapidement à confier des choses intimes de sa vie et de celle des siens, qu’elle n’avait nullement l’intention de raconter. Elle s’entendait parler, avec étonnement ; mais il n’y avait plus moyen de reprendre pied : le silence même de Pierre était comme une pente où le courant coulait…

Elle faisait le récit de son enfance en province. Elle était de la Touraine. Sa mère,