Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/98

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doux pour une femme que de voir l’image de celui qui lui est cher, quand il était tout petit ? Elle le berce en pensée, elle lui donne le sein ; et même, elle n’est pas loin de rêver qu’elle l’a porté ! Et puis (elle n’est point dupe), c’est un prétexte bien commode pour dire au tout petit ce qu’on ne peut pas dire au grand. Quand il demande laquelle des photos elle préfère, elle dit, sans hésiter :

— Le cher petit bonhomme…

Qu’il est sérieux, déjà ! Presque plus qu’aujourd’hui. Certes, si Luce osait (et justement, elle ose) regarder pour comparer le Pierre d’aujourd’hui, elle verrait dans ses yeux une expression d’abandon et de joie enfantine qui n’est pas chez l’enfant : car les yeux de l’enfant, ce petit bourgeois sous