Page:Rolland - Salut à la révolution russe.djvu/32

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jeune Russie,
immensément tressaillent d’allégresse et de foi ;
et voici que les hommes écartelés par l’impérialisme,
les hommes s’entretuant, se déchiquetant, se décharnant, avec férocité, sans trêve,
les hommes vont arrêter l’énorme et hideuse machinerie.
Jeune Russie, sois saluée.

Nous les écrasés, les estropiés, les mutilés, les immolés,
nous les happés, nous les mitraillés, nous les écrabouillés,
nous resuscitons, nous renaissons,
jeune Russie.
La chair recréée et volontaire,
la force multipliée — l’esprit, le cœur transfigurés,
pour écraser le Mars guerrier,
et accueillir et couronner le rouge Mars de la Révolution,
nous surgissons.

Il fond et coule, le gel épais, compact ;
il craque et se disloque, l’engourdissement qui enlinceulait les peuples,
et partout vibre, ondule, doré, triomphal, le froment de mil neuf cent cinq.
Le ciel, si longtemps opaque et sinistre, bleuit et scintille,
et le grand soleil fécond, libérateur, disque son fluide d’or et de pourpre.