Page:Rolland - Vie de Beethoven.djvu/89

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l’homme dont le génie avait un extraordinaire éclat[1] ».

Ainsi rien n’était capable de plier cette force indomptable. Elle semble se faire un jeu maintenant de la douleur. La musique écrite dans ces dernières années, malgré les circonstances pénibles où elle fut composée[2], a souvent un caractère tout nouveau d’ironie, de mépris héroïque et joyeux. Quatre mois avant sa mort, le dernier morceau qu’il termine, en novembre 1826, le nouveau finale au quatuor

  1. En 1819, il faillit être poursuivi par la police, pour avoir dit trop haut « qu’après tout, le Christ n’était qu’un Juif crucifié ».
    Il écrivait alors la Messe en . C’est assez dire la liberté de ses inspirations religieuses. (Voir, pour les opinions religieuses de Beethoven, Théodor von Frimmel : Beethoven, 3e éd. Verlag Harmonie ; et Beethoveniana, éd. Georg Müller, vol. II, chap. Blöchinger.) — Non moins libre en politique, Beethoven attaquait hardiment les préjugés et les vices de son gouvernement. Il lui reprochait, entre autres choses : l’organisation de la justice, arbitraire et servile, entravée par une longue procédure ; — les vexations policières ; — la bureaucratie baroque et inerte, qui tuait toute initiative individuelle et paralysait l’action ; — les privilèges d’une aristocratie dégénérée, tenace à s’arroger exclusivement les plus hautes charges de l’État. — Ses sympathies politiques semblaient être alors pour l’Angleterre.
  2. Le suicide de son neveu.