Page:Rolland - Vie de Beethoven.djvu/90

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op. 130, est très gai. À la vérité, cette gaîté n’est pas celle de tout le monde. Tantôt c’est le rire âpre et saccadé dont parle Moscheles ; tantôt le sourire émouvant, fait de tant de souffrances vaincues. N’importe, il est vainqueur. Il ne croit pas à la mort.

Elle venait cependant. À la fin de novembre 1826, il prit un refroidissement pleurétique ; il tomba malade à Vienne, au retour d’un voyage entrepris en hiver pour assurer l’avenir de son neveu[1]. Ses amis étaient loin. Il chargea

  1. Voir sur la Dernière maladie et la mort de Beethoven un article du Dr Klotz-Forest, dans la Chronique médicale du 1er et du 15 avril 1906. — On a des renseignements assez précis par les Cahiers de conversation, où sont inscrites les questions du docteur, et par le récit du docteur lui-même (Dr Wawruch), paru, sous le titre de : Aerztlicher Rückblick auf L. V. B. letzte Lebenstage dans la Wiener Zeitschrift en 1842 (daté du 20 mai 1827).
    Il y eut deux phases dans la maladie : 1° des accidents pulmonaires, qui semblèrent arrêtés après six jours. « Le septième jour, il se sentit assez bien pour se lever, marcher, lire et écrire » ; — 2° des troubles digestifs, compliqués de troubles de circulation. « Le huitième jour, je le trouvai défait, le corps tout jaune. Un violent accès de diarrhée, compliquée de vomissements, avait failli le tuer dans la nuit. » À partir de ce moment, l’hydropisie se développa.
    Cette rechute eut des causes morales, qui sont mal connues. « Une violente colère, une souffrance profonde, causée par l’ingratitude dont il avait souffert, et une injure imméritée, avaient occasionné cette explosion, dit le Dr Wawruch. Tremblant et frissonnant, il était courbé par la douleur qui déchirait ses entrailles. »
    Résumant ces diverses observations, le Dr Klotz-Forest diagnostique, après une attaque de congestion pulmonaire, la cirrhose atrophique de Laënnec (maladie de foie), avec ascite, et œdème des membres inférieurs. Il croit que l’usage immodéré des boissons spiritueuses y contribua. C’était déjà l’avis du Dr Malfatti : « Sedebat et bibebat ».