Page:Rolland - Vie de Ramakrishna.djvu/29

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déroule du fond des souterrains du Moi jusqu’aux hautes terrasses dont couronne le front la chevelure des étoiles. Rien de ce que j’ai vu là ne m’était paysage inconnu. Tout cela, je l’avais vu déjà, et je le savais bien, mais je ne savais pas où. J’avais plus d’une fois récité de mémoire — non sans fautes — la leçon de pensée, que j’avais jadis apprise (mais de qui ? d’un de mes moi très anciens…) Je la relis aujourd’hui, au clair et au complet, dans le livre de vie que me tend le génial illettré qui en savait par cœur toutes les pages : Ramakrishna.

Je vous le présente, à mon tour, non comme un livre nouveau, mais comme un très vieux livre, que vous tous avez épelé (mais beaucoup en sont restés au B. A, BA…) Au fond, c’est toujours le même livre qu’on lit. Mais l’écriture varie. Et les yeux, d’ordinaire, demeurent accrochés à la gaine du fruit, sans qu’ils mordent à la pulpe.

C’est toujours le même Livre. C’est toujours le même Homme. Le Fils de l’Homme, éternel. Notre Fils. Notre Dieu enfanté. À chacun de ses retours, il se révèle un peu plus, plus riche d’univers.

Avec les différences des pays et des temps, Ramakrishna est un frère plus jeune de notre Christ.

On peut, si l’on veut, démontrer, comme y peine l’exégèse libre penseuse d’aujourd’hui, que toute la doctrine du Christ est diffuse avant lui, dans l’âme orientale, ensemencée par les penseurs de Chaldée, d’Égypte, d’Athènes et d’Ionie. On ne fera jamais que la personne du Christ, réelle ou légendaire (ce