Page:Rolland - Vie de Tolstoï.djvu/110

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l’habitude — de mutuels tourments. Tolstoï s’obligeait à suivre les siens, à Moscou. Il écrivait dans son Journal :

Le mois le plus pénible de ma vie. L’installation à Moscou. Tous s’installent. Quand donc commenceront-ils à vivre ? Tout cela, non pour vivre, mais parce que les autres gens font ainsi ! Les malheureux[1] !…

Dans ces mêmes jours, la comtesse écrivait :

Moscou. Il y aura demain un mois que nous sommes ici. Les deux premières semaines, j’ai pleuré chaque jour, parce que Léon était non seulement triste, mais tout à fait abattu. Il ne dormait pas, il ne mangeait pas, et même parfois il pleurait ; j’ai cru que je deviendrais folle[2].

Ils durent s’éloigner l’un de l’autre, pendant quelque temps. Ils se demandent pardon de se faire souffrir. Comme ils s’aiment toujours !… Il lui écrit :

Tu dis : « Je t’aime et tu n’en as pas besoin ». C’est la seule chose dont j’aie besoin… Ton amour me réjouit plus que tout au monde[3].

Mais, dès qu’ils se retrouvent ensemble, le

  1. 5 octobre 1881. Vie et Œuvre.
  2. 14 octobre 1881, Ibid.
  3. Mars 1882.