Page:Rolland - Vie de Tolstoï.djvu/111

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désaccord s’accuse. La comtesse ne peut prendre son parti de cette manie religieuse, qui pousse maintenant Tolstoï à apprendre l’hébreu avec un rabbin.

Rien autre ne l’intéresse plus. Il dépense ses forces à des sottises. Je ne puis cacher mon mécontentement[1].

Elle lui écrit :

Je ne puis que m’attrister que de pareilles forces intellectuelles se dépensent à couper du bois, chauffer le samovar, et coudre des bottes.

Et elle ajoute, avec le sourire affectueux et moqueur d’une mère qui regarde jouer son enfant, un peu fou :

Enfin, je me suis calmée avec le proverbe russe : « Que l’enfant s’amuse de n’importe quoi, pourvu qu’il ne pleure pas[2] ! »

Mais la lettre n’est pas partie qu’elle voit en pensée son mari lisant ces lignes, de ses bons yeux candides, qu’attriste ce ton d’ironie ; et elle rouvre la lettre, dans un élan d’amour :

Tout d’un coup, tu t’es représenté si clairement à moi, et j’ai senti un tel accès de tendresse pour

  1. 1882.
  2. 23 octobre 1884, Vie et Œuvre.