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Page:Rolland Clerambault.djvu/124

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recoudre. Les dévots pédantesques des Révolutions mortes prétendent que celles de l’avenir prennent mesure sur ces tombeaux. Et ils n’admettent point qu’une Liberté nouvelle marche d’un autre pas et franchisse les barrières où fit halte, essoufflée, sa grand-mère de 93. Ils en veulent davantage encore à l’irrespect des jeunes qui les dépassent qu’au glapissement haineux des vieux qu’ils ont dépassés. Ce n’est pas sans raison : car ces jeunes leur révèlent qu’ils sont devenus des vieux ; et ils glapissent contre eux.

Il en sera toujours ainsi. À peine quelques esprits vieillissants permettent à la vie de poursuivre son cours, et généreusement, quand s’éteignent leurs yeux, jouissent de l’avenir par les yeux de leurs cadets. Mais la plupart de ceux qui, jeunes, aimèrent la liberté, en veulent faire une cage pour les nouvelles couvées, quand eux ne peuvent plus voler.

L’internationalisme d’aujourd’hui ne trouvait pas de plus haineux adversaires que certains servants du culte nationaliste révolutionnaire, à la mode de Danton ou bien de Robespierre. Eux-mêmes ne s’entendaient pas toujours entre eux ; et les gens de Danton et ceux de Robespierre, que séparait encore l’ombre de la guillotine, avec d’aigres menaces se traitaient d’hérétiques. Mais ils étaient d’accord pour vouer au dernier supplice ceux qui ne croyaient point qu’on porte la liberté à la gueule des canons, ceux qui osent confondre dans la même aversion la violence, qu’elle soit exercée par César, par Démos, ou par ses corroyeurs. Et fût-ce même au nom du Droit ou de la Liberté ! Le mas-