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Page:Rolland Clerambault.djvu/135

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d’âmes ensemble ne font trop souvent qu’une âme qui s’est, quarante millions de fois, reniée — Je pense ce que je pense. Pensez ce que vous pensez ! La vérité vivante ne peut naître que de l’équilibre des pensées opposées. Pour que les citoyens respectent la cité, il faut que la cité respecte les citoyens. Chacun d’eux a son âme. C’est son droit. Et le premier devoir est de ne la point trahir Je ne me fais pas illusion, je n’attribue pas à ma conscience une importance exagérée dans l’univers de proie. Mais si peu que nous soyons et si peu que nous fassions, il faut le faire et l’être. Chacun peut se tromper. Mais qu’il se trompe ou non, il doit être sincère. L’erreur sincère n’est pas le mensonge, elle est l’étape vers la vérité. Le mensonge est d’en avoir peur et de vouloir l’étouffer. Quand vous auriez mille fois raison contre une erreur sincère, — en recourant à la force pour l’écraser, vous commettez le plus odieux des crimes contre la raison même. Si la raison est persécutrice et l’erreur persécutée, je suis pour la persécutée. Car l’erreur est un droit égal à la vérité… Vérité, Vérité… La vérité c’est de chercher toujours la vérité. Respectez les efforts de ceux qui peinent à sa poursuite. Outrager l’homme qui se fraye durement un sentier, persécuter celui qui veut — et ne pourra peut-être — trouver au progrès humain des voies moins inhumaines, c’est faire de lui un martyr. Votre chemin est le meilleur, le seul bon, dites-vous ? Suivez-le donc, et laissez-moi suivre le mien ! Je ne vous oblige point à le prendre. Qu’est-ce qui vous irrite ? Avez-vous peur que j’aie raison ?