Page:Rolland Clerambault.djvu/147

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Entre les paroles et l’acte, il s’écoule du temps, chez un homme de pensée. Même l’action décidée, il trouve des prétextes pour la remettre au lendemain. Il voit trop bien ce qui va suivre, les luttes et les peines ; et pour quel résultat ? Afin de tromper son inquiétude, il se dépense en paroles énergiques, seul ou avec les intimes. Il se donne ainsi, à bon compte, l’illusion d’agir. Mais il n’y croit pas, au fond ; il attend, comme Hamlet, que l’occasion le force.

Clerambault, si brave dans ses discours à l’indulgent Perrotin, retrouva ses hésitations, à peine rentré chez lui. Sa sensibilité, affinée par le malheur, percevait les émotions des êtres qui l’entouraient ; elle lui faisait imaginer le désaccord que ses paroles soulèveraient entre sa femme et lui. Bien plus, il ne se sentait pas sûr de l’assentiment de sa fille ; il n’eût su dire pourquoi ; mais il craignait d’en faire l’épreuve. Le risque était pénible pour un cœur affectueux…

Sur ces entrefaites, un docteur de ses amis lui écrivit qu’il avait dans son service d’hôpital un grand