Page:Rolland Clerambault.djvu/157

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Quelle aide lui apportons-nous ? À défaut de notre action, même pas notre parole. Ces loisirs de la pensée, que nous devons à ses sacrifices, nous en gardons pour nous le fruit ; nous n’osons pas le lui faire goûter ; nous avons peur de la lumière ; nous avons peur de l’opinion impudente et des maîtres de l’heure, qui disent : « Éteignez-la ! Vous qui avez la lumière, tâchez qu’on n’en voie rien, si vous voulez qu’on vous la pardonne !… » — Assez de lâcheté ! Qui parlera, sinon nous ? Les autres meurent, sous le bâillon…

Un nuage de souffrance passa sur le visage du blessé. Ses yeux fixaient le plafond. Sa grande bouche tordue, obstinément fermée, ne voulait plus répondre. — Clerambault s’éloigna. Il était résolu. Le silence du peuple, sur son lit d’agonie, le décidait à parler.