Page:Rolland Clerambault.djvu/204

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L’attaque de Bertin attira sur Clerambault l’attention de quelques hommes politiques d’Extrême-Gauche, qui ne savaient trop comment concilier leur opposition au gouvernement (leur raison d’être) avec l’Union Sacrée, consentie contre l’invasion ennemie. Ils reproduisirent les deux premiers articles de Clerambault dans un de ces journaux socialistes, dont la pensée d’alors clapotait dans les contradictions. On y combattait la guerre, en votant les crédits. D’éloquentes affirmations internationales y coudoyaient le prône de ministres qui faisaient une politique nationaliste. Dans ce jeu de bascule, les pages de Clerambault, d’un lyrisme vague, où l’attaque était mesurée, et où la critique de l’idée de patrie s’enveloppait de piété, eussent gardé le caractère anodin d’une protestation platonique, si la censure n’en avait rongé les phrases, avec une ténacité de termite. La trace de ses dents désignait aux regards ce que la distraction générale eût laissé échapper. C’est ainsi que, dans l’article « A Celle qu’on a aimée », après avoir conservé le mot Patrie quand il paraissait, pour la première fois, accolé