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Page:Rolland Clerambault.djvu/205

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à une invocation d’amour, elle l’échoppait dans le reste du morceau, où il était l’objet d’appréciations moins flatteuses. Sa niaiserie ne voyait pas que le mot, gauchement recouvert par l’éteignoir, n’en luisait que mieux dans l’esprit du lecteur. Ainsi, elle contribua à donner quelque importance à un écrit qui en avait fort peu. Il faut ajouter qu’à cette heure de passivité universelle, la moindre parole de libre humanité prenait une ampleur extraordinaire, surtout quand elle portait un nom réputé. Le « Pardon demandé aux Morts », plus encore que l’autre article, était ou pouvait être, par son douloureux accent, contagieux à la masse des cœurs simples, que la guerre déchirait. Aux premiers indices qu’il en eut, le pouvoir, jusqu’alors indifférent, tâcha de couper court à la publicité. Assez avisé pour ne pas signaler Clerambault par une mesure de rigueur, il sut agir sur le journal, par les intelligences qu’il s’était ménagées dans la place. Une opposition contre l’écrivain se manifesta, au sein du journal même. Ils n’allaient pas, naturellement, lui reprocher l’internationalisme de sa pensée ! Ils le traitèrent de sensiblerie bourgeoise.

Clerambault vint leur fournir des arguments, en apportant un troisième article, où son aversion de toute violence semblait incidemment condamner la Révolution comme la guerre. Les poètes sont toujours de mauvais politiques.

C’était une réplique indignée à l’« Appel aux Morts », que ululait Barrès, chouette grelottante, perchée sur un cyprès de cimetière.