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Page:Rolland Clerambault.djvu/229

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Livré seul à lui-même, privé de moyens d’agir, Clerambault retourna contre lui sa fièvre de pensée. Plus rien ne le retint sur la voie de l’âpre vérité. Rien n’en venait plus tempérer la lumière cruelle. Il se sentait l’âme brûlée de ces fuorusciti qui, rejetés des murailles de la dure cité, la regardent du dehors, avec des yeux sans piété. Ce n’était plus la vision douloureuse de la première nuit d’épreuves, dont les blessures saignantes l’unissaient encore à son groupe humain. Tous les liens étaient rompus. Son esprit trop lucide descendait, en girant, sur l’abîme. La descente aux enfers. Lentement, de cercle en cercle, et seul, dans le silence…

« Je vous vois donc, troupeaux, peuples, myriades d’êtres, qui avez besoin de vous serrer en bancs, pour frayer et penser ! Chacun de vos groupements a son odeur spéciale, qui lui paraît sacrée. Comme chez les abeilles : la puanteur de leur reine fait l’unité de la ruche et leur joie au travail. Comme chez les fourmis :