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Page:Rolland Clerambault.djvu/247

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Clerambault traversa une nouvelle zone de dangers. Son voyage dans la solitude était pareil à une ascension de montagne, où l’on se trouve subitement enveloppé de brouillards, agrippé au rocher, sans pouvoir avancer. Il ne voyait plus devant lui. De quelque côté qu’il se tournât, il entendait bruire, au fond, le torrent de la souffrance. Et cependant, il ne pouvait rester immobile. Il surplombait l’abîme, et l’appui menaçait de céder.

Il était à un de ces tournants crépusculaires. Par surcroît, en ce jour, les nouvelles du dehors, que la presse aboyait, étreignaient l’âme de leur insanité : hécatombes inutiles, que trouvait naturelles l’égoïsme suggestionné des lecteurs de l’arrière, cruautés de toutes parts, représailles criminelles des crimes, — que les ci-devant braves gens réclamaient et acclamaient. Jamais l’horizon qui enferme les pauvres bêtes humaines dans leur terrier n’avait paru plus sombre et plus dénué de pitié.