Page:Rolland Clerambault.djvu/253

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sentait si indifférant, si indifférent, au fond !… mais plein de bonne volonté. Et la bonne volonté était, chez elle, chose neuve… — Plus surprenant encore ! Dans la tendresse du bonheur qui la baignait, elle entrevit, l’espace d’une seconde, le visage et le cœur fatigués du vieil homme ; il lui revint à l’esprit, vaguement, qu’il avait fait des sottises, qu’il avait des ennuis ; et, au lieu de le gronder, ainsi qu’elle aurait dû, elle lui accorda tacitement son pardon, d’un sourire magnanime ; comme une petite princesse, elle dit, d’un ton affectueux, où perçait une nuance protectrice :

— Il ne faut pas t’inquiéter, mon bon oncle, tout s’arrange… Embrasse-moi !…

Et Clerambault s’en retourna, amusé de la consolatrice qu’il était venu consoler. Il sentait le peu de chose que sont nos souffrances, pour le sourire indifférent de la Nature. L’important est, pour elle, de fleurir au printemps. Feuilles mortes, tombez ! L’arbre n’en poussera que mieux, le printemps fleurira pour d’autres… Cher printemps !