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Page:Rolland Clerambault.djvu/254

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Mais que tu es cruel envers ceux pour qui tu ne fleuriras plus, printemps ! Ceux qui ont perdu leurs aimés, leurs espoirs, leur force et leur jeunesse, toutes leurs raisons de vivre !…

Le monde était plein d’âmes et de corps mutilés, que rongeait l’amertume, les uns des bonheurs perdus, les autres plus lamentables encore, des bonheurs qu’ils n’avaient pas eus, dont on les avait frustrés, en plein épanouissement de l’amour et de leurs vingt ans !

Un soir de fin janvier, mouillé de brume et transi, Clerambault rentrait d’un stationnement à un chantier de bois. Après avoir fait queue, des heures, dans la rue, la foule, parmi laquelle il attendait son tour, avait été prévenue qu’on ne ferait plus de distribution aujourd’hui. A la porte de sa maison, il entendit son nom. Un jeune homme le demandait au concierge, en présentant une lettre. Clerambault s’avança. Le jeune homme parut gêné de la rencontre. Sa manche droite était épinglée à l’épaule ; l’œil droit, caché sous un