Aller au contenu

Page:Rolland Clerambault.djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« De ceux qui bayent aux chimères,
Cependant qu’ils sont en danger,
Soit pour eux soit pour leurs affaires »

Mais quoi ? Votre République pense-t-elle se passer d’astronomes, comme l’autre, la première, n’avait pas besoin de chimistes ? Ou prétendez-vous les mobiliser ? C’est alors que nous aurons chance de choir, de compagnie, tous, au fond du puits ! C’est ce que vous voulez ? Eh ! je ne dis pas non, s’il ne s’agissait que de partager votre sort. Mais partager vos haines !

— Vous avez bien les vôtres ! lui dit un de ces jeunes gens.

Et juste, à ce moment, un autre qui entrait, un journal à la main, cria à Clerambault :

— Eh bien, je vous félicite, l’ennemi Bertin est mort…

L’irascible journaliste venait d’être enlevé en quelques heures par une pneumonie infectieuse. Depuis six mois, il ne cessait de poursuivre avec rage tous ceux qu’il soupçonnait de chercher, de vouloir, ou même de désirer la paix. Car, de degré en degré, il en était venu à regarder comme sacrée, non plus même la Patrie, mais la Guerre. Parmi ceux qui étaient en butte à sa méchanceté, Clerambault bénéficiait d’un traitement de faveur ; Bertin ne pardonnait pas à celui qu’il avait attaqué d’oser lui tenir tête. Les ripostes de Clerambault l’avaient d’abord exaspéré. Le silence dédaigneux que Clerambault opposa ensuite à ses invectives lui fit perdre toute mesure. La bouffissure