Page:Rolland Clerambault.djvu/336

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Clerambault vérifia la justesse de cette parole, dans le long entretien qu’il eut, le lendemain, avec Froment. Si la fierté de Froment ne se démentait pas dans la ruine de sa vie, il y avait d’autant plus de mérite qu’il n’avait jamais professé le culte de l’abnégation. Il avait eu de vastes espoirs, de robustes ambitions, que justifiaient ses dons et sa jeunesse heureuse. Pas un jour, il ne s’était fait, comme Chastenay, d’illusions sur la guerre. Il en avait tout de suite percé à jour la désastreuse ineptie. Il ne le devait pas seulement à son ferme esprit, mais à l’inspiratrice qui, depuis son enfance, avait tissé l’âme de son fils du plus pur de la sienne.

Mme  Froment, que Clerambault trouvait presque tout jours quand il venait voir Edme, se tenait à l’écart, assise près de la fenêtre, travaillant, de temps en temps enveloppant son fils d’un regard tendre. Elle était une de ces femmes qui, sans posséder une intelligence exceptionnelle, ont le génie du cœur. Veuve d’un médecin beaucoup plus âgé qu’elle, et dont l’ample