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Page:Rolland Clerambault.djvu/351

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diront que ce peuple est femme par ses vertus, ainsi que par ses vices, que la finesse de ses nerfs, que sa sensibilité, qui ont toujours fait le prix de son art et de son goût, le livrent, par accès, à des crises d’hystérie. Mais je pense que tout peuple n’est homme que par accident, si l’on entend, par homme, animal raisonnable, — ce qui est bien flatteur, mais qui ne s’appuie sur rien. Les hommes n’usent de la raison que de loin en loin. Ils sont tout de suite fourbus par l’effort de penser. On les soulage en voulant pour eux, en voulant ce qui demande le moins d’efforts. Il n’en faut guère pour haïr une pensée nouvelle. Ne l’en condamnons point ! L’Ami de tous les persécutés l’a dit, avec son héroïsme indulgent : « Ils ne savent ce qu’ils font. »

Il se trouva une feuille d’action nationaliste, pour attiser les instincts malfaisants qui couvent dans ces pauvres hommes. Elle vivait de l’exploitation du soupçon et de la haine. Elle appelait cela : travailler à la régénération de la France. La France se réduisait, pour elle, à soi et à ses amis. Elle publia contre « Cléramboche » une suite d’articles égorgeurs, comme ceux qui avaient si bien réussi contre Jaurès ; elle ameutait l’opinion. clamant que des influences occultes s’employaient à protéger le traître, et que si l’on n’y veillait, on le laisserait échapper. Et elle fit appel à la justice populaire.