Aller au contenu

Page:Rolland Clerambault.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

.

Clerambault se coucha. Sa femme était endormie. Aucun souci ne lui avait fait perdre la paix de ces sommeils profonds, où certaines âmes s’engouffrent comme dans une tombe. Celle de Clerambault était moins pressée d’y entrer. Étendu sur le dos, il resta, les yeux ouverts, immobile, toute la nuit.

Pâles lueurs de la rue, douces demi-ténèbres. De tranquilles étoiles battaient, dans le ciel sombre. Une d’elles glissait et décrivit un cercle : un avion qui veillait sur la ville endormie. Les yeux de Clerambault le suivaient dans son vol et planaient avec lui. Son oreille attentive percevait maintenant le ronflement lointain de la planète humaine. Une musique des sphères, que n’avaient point prévue les sages d’Ionie…

Il était heureux. Son corps et son esprit lui semblaient allégés ; ses membres, détendus ainsi que ses pensées, se laissaient porter, flottaient Les images de la journée fiévreuse et fatiguée le rencontrèrent au passage, mais ne l’arrêtèrent point Un vieil homme bousculé par une bande de jeunes bourgeois Trop