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Page:Rolland Clerambault.djvu/375

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mandait, pour la forme, le consentement des parents. Elle savait si bien qu’ils voulaient ce qu’elle voulait ! Sa lettre rayonnait un bonheur dont rien ne venait troubler la certitude triomphante. L’énigme funèbre du monde déchiré avait maintenant un sens ! Ce jeune amour absorbant ne trouverait pas que la souffrance universelle fût un prix trop élevé pour la fleur qu’il cueillait sur ce rosier sanglant. Elle gardait pourtant son cœur compatissant. Elle n’oubliait point les autres et leur peine, son père et ses soucis ; mais elle les entourait de ses bras heureux ; elle avait l’air de leur dire, avec une naïve et tendre outrecuidance :

— « Chers amis, ne vous tourmentez donc plus toujours de vos idées ! Vous n’êtes pas raisonnables. Il ne faut pas être tristes. Vous voyez bien que le bonheur vient… »

Clerambault, attendri, riait en lisant la lettre…

Sans doute, le bonheur vient ! Mais tout le monde n’a pas le temps de l’attendre… Salue-le de ma part, petite Rose, et ne le laisse plus partir…


Vers onze heures, le comte de Coulanges passa prendre de ses nouvelles. Il avait trouvé Moreau et Gillot, qui montaient la garde, à la porte. Ainsi qu’ils l’avaient promis, ils venaient escorter Clerambault ; mais, comme ils étaient arrivés une heure plus tôt qu’il n’était nécessaire, ils n’osaient se présenter, Clerambault les fit appeler et les plaisanta de leur excès de zèle. Ils convinrent qu’ils se méfiaient de lui ; ils craignaient qu’il ne déguerpît de la maison, sans les at-