Page:Rolland Handel.djvu/101

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sion de désastres, de ruines accumulées, l'en détacha plus tard, centre sa volonté. Aussi est-il naturel de le voir, au moment même où il écrivait Esther et Acis, prendre la direction musicale d'une entreprise de théâtre, où il allait brûler une partie de ses forces et de sa vie : l'Académie d'Opéra Italien[1].

Hændel voyait, dit-on, dans l'année 1720 le terme de ses années d'apprentissage. Il y terminait surtout — (ce qu'il ne savait point) — ses années de tranquillité. Jusque-là, il avait mené la vie d'un décès innombrables musiciens de cour, qui vivaient à l'ombre d'un prince et écrivaient pour une élite. Il n'avait eu l'occasion d'en sortir qu'avec quelques œuvres religieuses ou nationales, où il avait été la voix d'un peuple. À partir de 1720, et jusqu'à sa mort, tout son

  1. C'était une Société, au capital de 50 000 livres, par actions de 100 livres, souscrites pour quatorze ans, — chaque action donnant droit à une place au théâtre. À la tête, comme premier président, était le lord-chambellan, duc de Newcastle (jusqu'en 1723, où il entra au ministère et fut remplacé par le duc de Grafton). Le second président (le véritable directeur) était lord Bingley. Il était assisté d'un conseil d'administration de 24 directeurs, réélus chaque année. Le tout, sous la protection du Roi, qui payait 1 000 livres par an pour sa loge. — Le dividende, servi aux actionnaires, fut en 1724 de 7 p. 100. Mais les spéculations compromirent l'œuvre et la menèrent à la ruine.

    Hændel fut chargé de la direction uniquement musicale, jusqu'en 1728, où il reprit pour son compte la direction totale de l'entreprise d'opéra.