réputation y surpassait dès lors celle de Scarlatti, qui semble même, d’après M. Dent, avoir subi un peu son influence. Ce furent pour lui dix à quinze ans de vogue européenne. Il était, à vrai dire, l’interprète d’une société et d’un temps.
Ce qui frappait dans sa musique, à en croire Lecerf de la Viéville, c’était l’audace des modulations, la surabondance des ornements vocaux, le déréglemente d’esprit. Son école semblait aux Lullystes celle du précieux et du contourné, contre l’école du bon sens. Elle était aussi l’école de l’harmonie, contre celle du contrepoint. Bononcini était un « verticaliste » d’alors, contre les « horizontalistes » de l’époque précédente[1]. Il était essentiellement un sensualiste en musique, et un anti-intellectualiste. De ses débuts comme compositeur de musique instrumentale, il lui resta toujours l’indifférence aux poèmes, aux sujets, à tout ce qui est extra-musical. Dans la musique, il cherche avant tout les sonorités rares et moelleuses[2] ; et c’est évi-
- ↑ « Comme Corelli, dit Lecerf, il a peu de fugues, contre-fugues, basses contraintes, fréquentes dans les autres ouvrages italiens ; et il fait ses délices ordinaires de tous les intervalles les moins usités, les plus faux, et les plus bizarres… Des dissonances à faire frayeur… »
- ↑ Voir les doux froissements de notes de la cantate Dori e Aminta : Non amo e amar desio (mss. à la Bibl. du Conservatoire de Paris), ou la cantate : Care luci (ibid.).
cini, publié dans la 3e partie de la Comparaison de la musique française avec la musique italienne (1706).