Page:Rolland Handel.djvu/110

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moment, les représentations de Londres devinrent des joûtes de gosier entre la Faustina et la Cuzzoni, rivalisant de vocalises parmi les clameurs de leurs partis ennemis. Hændel dut écrire son Alessandro (5 mai 1726), pour un duel artistique entre les deux étoiles de la troupe, qui jouaient les deux maîtresses d’Alexandre[1]. Malgré tout, son génie dramatique se faisait jour dans quelques scènes sublimes d'Admeto (31 janvier 1727), dont la grandeur parut saisir le public. Mais la rivalité des cabotines, loin d’en être apaisée, redoubla de furie. Chaque parti avait à ses gages des pamphlétaires, qui lâchaient sur l’adversaire des libelles ignobles. La Guzzoni et la Faustina en arrivèrent à un tel état de rage que, le 6 juin 1727, en scène, elles se prirent aux cheveux et se rouèrent de coups, au milieu des hurlements de la salle, présidée par la princesse de Galles[2].

    trée et moins profonde que la Guzzoni, elle avait un art plus frémissant et plus scintillant.

  1. Deux mois avant, Haendel avait donné l’opéra Scipione (12 mars 1726).
  2. Le directeur du théâtre de Drury Lane, Colley Ciber, fit jouer, le mois suivant, une farce : The contre-temps, or The Rival Queans, où l’on voyait les deux chanteuses qui se crêpaient le chignon, et Hændel, disant avec flegme à ceux qui voulaient les séparer : « Laissez faire. Quand elles seront fatiguées, leur fureur tombera d’elle-même ». Et, pour que la bataille fût plus vite finie, il l’activait à grands coups de timbale.

    L’ami de Hændel, le docteur Arbuthnot, publia aussi, à ce