Page:Rolland Handel.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tère d’une manifestation nationale. C’était une réaction du bon sens populaire contre la pompeuse niaiserie de l’opéra italien et contre le snobisme qui prétendait l’imposer aux autres nations. Voici les premières lézardes dans l'italianisme triomphant. Les nationalités se réveillent. En 1729, est jouée la Passion selon saint Mathieu ; quelques années plus tard, les premiers oratorios de Hændel et les premiers opéras de Rameau. En 1728-1729, Martin Heinrich Fuhrmann entre en campagne contre l’opéra italien, avec de fameux pamphlets. Après lui, Mattheson renverra « les Velches, avec leurs hippogriphes par-dessus les Alpes sauvages, se purifier dans le fourneau de l'Etna ». Mais nulle part la réaction nationale ne fut plus populaire et plus spontanée qu’en Angleterre, dont l'humour robuste se réveillait, avec Swift et avec Pope, balayeurs des mensonges[1].

Hændel le sentit. Depuis 1727, il cherche lentement à s’établir sur le terrain national anglais. Il s’était fait naturaliser anglais, le 13 février 1726. Il écrivit, pour le couronnement du

  1. Les trois premiers livres de la Dunciade de Pope parurent en 1728 ; les Voyages de Gulliver, en 1726. Swift n’y a pas oublié la folie musicale, dans sa satire du royaume de Laputa.