Page:Rolland Handel.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dies par la complication germanique, la musique de Porpora garde toujours la pureté classique et la netteté un peu sèche du dessin. L'histoire ne lui a pas encore rendu justice[1]. Il était digne de se mesurer avec Hændel, et la comparaison entre l'Arianna de Hændel et celle de Porpora, jouées à quelques semaines d'intervalle[2], ne tourne pas à l'avantage du premier. La musique de Hændel est élégante ; mais on n'y trouve rien qui ait l'envergure de certains airs de l'Arianna à Naxos de Porpora. La forme de ces airs est d'une régularité trop classique peut-être ; mais un souffle puissant circule au travers de ces temples romains[3]. On dirait d'un disciple italien de Gluck : — impression curieuse, que donnent parfois certains précurseurs, tel Jacopo della Quercia, qui inspira Michel-Ange, et qui en semble issu.

Hasse était encore supérieur à Porpora par son charme mélodique, que seul Mozart égala, et par ses dons symphoniques, qui se révèlent dans son riche accompagnement instrumental, non moins mélodieux que ses chants[4].

  1. Chrysander, qui le connaît mal, en parle avec un dédain absolument injustifié.
  2. L'Arianna de Hændel, le 26 janvier 1734. L'Arianna à Naxos de Porpora, très peu de temps après.
  3. Ainsi, l'invocation de Thésée à Neptune : Nume che reggi'l mare, et l'air : Spettro d'orrore.
  4. Johann-Adolph Hasse était né le 23 mars 1699 à Bergedorf,