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C’est un fait qu’on remarque souvent dans la vie des grands hommes, qu’au moment où tout semble perdu, où tout est au plus bas, ils sont tout près du faîte. Hændel paraissait vaincu. À cette heure même, il écrivait l’œuvre qui devait établir sa gloire dans l’univers.

Il quitta Londres[1]. Le lord-lieutenant d’Irlande l’invitait à venir diriger des concerts à Dublin. Ce fut, ainsi qu’il dit, « afin d’offrir à cette nation généreuse et polie quelque chose de nouveau », qu’il composa le Messie, sur un poème de son ami Jennens[2]. On avait déjà exécuté plusieurs de ses œuvres religieuses, à Dublin, dans des concerts de bienfaisance[3]. Hæn-

    dans une lettre anonyme au London Daily Post (voir plus haut), qui veut excuser Hændel, et qui est bien le plus cruel affront qu’on pût lui faire, — le pavé de l’ours. On trouvera cette lettre à la fin du troisième volume de Chrysander.

  1. Le 4 novembre 1741. Il avait encore eu le temps de voir, avant son départ, la réouverture de l’Opéra italien, sous la direction de Galuppi, que soutenait la noblesse anglaise.
  2. Hændel écrivit le Messie, du 22 août au 14 septembre 1741. — Certains historiens ont voulu lui attribuer la composition du poème. Il n’y a aucune raison pour en enlever l’honneur à Jennens, homme intelligent, auteur de l’excellent poème de Belsazar, et qui d’ailleurs n’eût pas admis que Hændel changeât rien au texte qu’il lui donnait. Une lettre du 31 mars 1745 à un ami (citée par Schœlcher), montre qu’il trouvait la musique du Messie à peine digne de son poème.
  3. La grande société musicale de Dublin, la Philharmonic